Brouillon, sous forme de plan détaillé de la conférence faite à paris ( Clio), automne 2009.


PLAN

Principe de l’approche :

Autour de l’expo, aborder les faits et les mettre en relation. Lier percepts, concepts et affects.

Dégager progressivement et par étape de grandes notions plastiques.

Evaluer des liens et principes communs avec d’autres artistes.Envisager de possibles héritages

 

Calder à Paris, l’expo Beaubourg

 

le Cirque :

-thèmes (installation, jeu, scène, enfance, légèreté, anima, nomadisme)

-techniques (bricolage, lumières,  fil de fer, toiles, enchaînements)    

-variations ( continuité du thème)

 

Les portraits

-traits ( dessin, structures..)

-armatures ( casque, volumes)

-ombres ( retour à la surface, au dessin)

-la ligne comme expression ( sculpture, peinture)

 

Les premiers mobiles, stabiles

-ligne, plan, volume

-anima

-découpe

-apesanteur, catharsis

-couleurs primaires

-voisinages

 

Les suites

 

Mobiles

-suspension

-anti-gnomon

-squelettes et nervures

-mathématiques

-tensions, toiles

 

Stabiles

-retour au sol :deux modèles

-le mur, la voile

-l’arbre.

-déploiements

 

 

L’expo parisienne, le cirque

 

Un américain à Paris,

Thème récurrent au cours du 20ème siècle, comme dans  Lubitsch( Sérénade à 3), Dos Passos, Hemingway…ou encore ( le Lion)  Rohmer). Ce mythe, est un mythe de l’enfance véhiculant les stéréotyupes de l’américain grand enfant, naïf, énergique, nostalgique d’une patrie perdue ( la vieille europe). L’ américain est paradoxalement une variante du bon sauvage, du primitif et parfois exprime les deux aspects, comme Joséphine Baker. Mythe de l’artiste bohème. Détaché des nécessités, plus aventureux que ses camarades européens, plus libre, capable de fantaisie. Ce  décalage se retrouve bien sûr chez un autre américain parisien, comme  Man Ray.

 

Thèmes

Par définition, le cirque est une Installation, un dispositif occupant un espace réel, non fictif. mais provisoire. La piste et la tente sont d’emblée installées comme les limites et codes d’un monde à-part, isolé, délimité, identifiable. Le jeu, est la aussi une règle définie par avance, jeu des artistes et jeu interactif avec un public averti des codes. Jeu reposant donc sur une complicité entre les acteurs et spectateurs. Langage commun, le cirque est mouvement, adresse, prouesses, précision. Ce sont les règles de ce jeu.

 

Scène ; il s’agit du principe d’un espace défini. On peut y voir l’antique tradition du « templum » latin, du lieu géométrique et arbitraire ou ce qui advient prend un sens particulier selon la manière d’intervenir, de passer, d’occuper ce lieu. C’est presque un équivalent du cadre, de l’écran. Par définition, il y a un rapport au sol, car la piste, l’arène ( de sable) est  clairement définie comme une forme dessinée à terre.

Enfance, notion associée au cirque en général, bien que non  exclusive. Il y a adéquation entre le thème de l’enfance et le détachement par rapport à « l’esprit de gravité ». Gravité est à comprendre comme pesanteur et attraction terrestre, dont se jouent les artistes de cirque, mais bien entendu, légèreté spirituelle, éloignement du principe de nécessité assez propre à l’enfance. L’esprit de jeu est aussi comme lié à l’enfance. Nous avons une chaîne sémantique qui va jusqu’à la dimension délibérément primaire et éloignée de l’esprit de sérieux.

Ce rapport délibéré à la légèreté et à l’enfance est  récurrent dans l’art du début XXème ( Matisse, Dada, etc...)

Vision décalée et critique de la société comme machine de guerre et machine rationnelle. (Duchamp, la ronde des célibataires-stériles) ; la mécanique bricolée est le miroir déformant, humanisé et allégé  du positivisme et du rationalisme dominant. Monde inaltérable, y compris par le temps,  lié à l’ enfance car libéré de la nécessité ;  en témoigne la reprise du cirque, par Calder, âgé, qui l’anime et y joue avec une vivacité intacte.

Il y a dans quasiment tous les numéros de Calder, une conquête de l’air et de l’apesanteur (acrobates, jongleurs, etc) Ceci est d’ailleurs valable pour le cirque en général, à l’exception de Picasso, qui représente la plupart de ses acrobates au sol et qui aborde la piste comme lieu de mise à mort, assimilée à l’arène de corrida.

Le thème du cirque permet encore une grande variété des formes , des costumes et des corps décalés, par les musculatures, souplesses et postures. Le cirque est justement une exploration des corps-limites, des prouesses, des déformations. C’est encore bien sûr, la variété des corps animaux.

Le  thème animal est  associé à l’ animation, au sens encore ou chaque animal exprime un mode spécifique de mouvement, exprime une forme spécifique de vie, de souffle.

Cette diversité, ces explorations, relève de la fascination enfantine pour la diversité, relèvent de la curiosité et de l’émerveillement. Il y a une part onirique.

           

Le nomadisme est encore une des idées forcément associées au cirque. Errance et espace ouvert, cette notion génère aussi des contraintes formelles logiques, autour de la boîte, des pliages, du transport, des tissus. C’est en cohérence d’avec le thème des  saltimbanques et bohèmes, figures cousines des artistes depuis la fin du XIXème siècle. Le dispositif de boîtes et de sculptures de voyage ayant également été traité par Duchamp.

 

 

            Issues du thème et des techniques du cirque, certaines sculptures reprennent les figures, sans être elles-mêmes parties prenante du dispositif du petit cirque.

            Elles concentrent malgré tout certaines des notions abordées à l’instant (la « brass family » par ex)

            En ceci, Calder se détache de l’anecdote et de la prouesse, pour aborder une création autonome de sculpteur.

 

 

 

            Techniques

 

            Bricolage et détournements

 De Schwitters, Picasso à Duchamp, il y a une tendance moderne du recyclage  au début du XXème siècle ; la pauvreté du matériau est une relecture de la sentence de Titien : « c’est par le souvenir de l’opacité que l’oeil prend du plaisir à la transparence »...En clair, une dimension propre au créateur, au démiurge, d’être capable de modifier, détourner, exhausser les matériaux les plus vils, au rang d’œuvre d’art. Objet créé  qui est à la fois matière brute et matière subtile, corps et esprit. Le fil de fer est la ligne volume, qui n’enferme rien, sinon du vide et des fenêtres mouvantes. Fenêtre dans le sens où les fils de fer tordus de Calder, sont donc à la fois lignes, dessins et volumes, mais aussi cadres et délimitations ; découpes d’un espace ouvert, qui se voit entre les lignes.

La ligne est le dessin, elle  désigne. Précise elle est  assimilable à l’écriture, à la trace, au signe. Ce n’est pas le simple contour, car il se déploie dans un espace tridimensionnel. Les fils sont parfois épais parfois fins, calligraphie et lignes de force. Les structures filiformes, se prêtent aux contorsions et torsions. Fins et forts, courbes et fermes, fragiles et  rigides. Parfois des tuyaux, structurent et laissent passer la force du souffle ; le souffle qui animera les figures. Les fil de fer infléchis, dessinent donc à la fois, les structures, les contours et les silhouettes mais aussi les volumes. Ils fonctionnent comme des apparitions. Cela tient bien de la magie. Il y a une irréalité des corps construits, car bien que manifestement visibles dans l’espace réel. ils semblent désincarnés. The Brass family est un exemple extraordinaire de ces liens solidaires.

La lumière, vient paradoxalement révéler ces sculptures. En effet, toute sculpture de modelage ou de taille, accroche et arrête la lumière, la modèle et révèle grâce à cela, sa complexité. Au lieu de cela, les fils de Calder, sont sans relief apparent, sans ombres propres ; il va jusqu’à en peindre certains, pour qu’ils ne soient pas vus comme volumes, afin que la matité de la peinture, atténue les éclats et reflets. Par contre, les oscillations, combinées aux ombres portées, dessinent des figures planes et changeantes sur les murs. Calder retourne par ce procédé au dessin.

            Les toiles et tentures, sont tantôt enveloppes, peaux, scènes, costumes, capes, tapis ; elles se roulent et entourent. Ce n’est plus la ligne, c’est la surface, souple, non rigide, c’est le registre du sol, de la paroi et de la peau. Non seulement par les toiles, nous accédons à la deuxième dimension après les variations sur les lignes, mais ces toiles, se relient à la thématique nomade, des installations provisoires, de ce qui se plie, se déplie, se déroule…

 

            Articulations et enchainements

Le cirque défie les lois. Les conséquences sont prévisibles et surprenantes à la fois. Mécanique de la surprise, paradoxe construit. Calder conçoit tous les mouvements. Les formes sont logiques et dictées par le mouvement programmé. Par exemple les mains en crochets ou les pattes de chien en triskells. L’ on trouve encore des poids, contrepoids, ressorts, tensions, décentrements, rotations, glissements, bielles, et cardans. Toutes ces mécaniques, fonctionnelles mais encore images visibles, secrets de fonctionnement dévoilés.

 

Les portraits

Nous quittons le cirque. Le mot portrait dit tout, car c’est trait « pour trait ». Il s’agit bien là du trait. Trouver des lignes qui expriment les volumes et les surfaces ; quand les contours fuient Cézanne, Calder lance ses fils, comme une toile. A la fois cadre, casque et masque, ces cages de fer, sont caricatures. Il force le trait et concentre sur des nœuds réels ou expressifs. Il Donne vie au dessin. Quand le dessin fige et arrête, Calder le remet en jeu, relance comme au Poker.

Têtes sans corps et bustes, à l’exception pour Joséphine . Baker, montée sur ressorts toute en  torsions du torse.

 

Les premiers stabiles-mobiles et les oeuvres suivantes

 

 

Ligne/Plan/ volume,

 

 Articulation par le déplacement. Principes mathématiques de rotation et translations.

Occuper et dessiner dans l’espace par le mouvement.

Définition de la sculpture comme révélation de l’espace.

Invention de la surface plane colorée par couleurs primaires. Comme une tache régulière. Surface primaire, lien clair avec Matisse et le mythe de l’apesanteur et du poisson rouge !!

La couleur est surface, elle est lumière, elle défie par principe la pesanteur.

 

Anima

 

Notion d’enchaînements et de logiques. Principe dynamique associée à la vie.

Principe vital opposé à la stagnation et l’inertie.

Mouvement et enchainements, logique de l’ingénieur transposée dans le domaine artistique : ingénieur du temps perdu !! Une cause, plusieurs effets. Duchamp, Tinguely, Fischli-Weiss

Repos, calme, souffle : ( âme, souffle

Acrobates, défis, jeu et combinaisons.

Influence sur Cobra : Appel, Corneille, Constant….Nikki de St Phalle et Jean Tinguely

 

Découper dans le métal

 comme Matisse dans la couleur.

 

Couleurs primaires

 

Référence à Matisse : muralité/ fenêtre : l’aquarium, le poisson, l’apesanteur.

Catharsis

Miro( 1893-1983), Kandinsky( 1866-1944), Matisse( 1869-1954),), rapport à l’enfance au sens positif.

 

….)

 

 

 

Mobiles suspendus

 

 

Détachement du sol :

 

On retrouve le défi du cirque et le grand défi métaphysique des artistes du début du XXème siècle : Matisse, Malévitch, Mondrain, Delaunay  qui en  héritage de Monet, Degas, Gaudi, tentent de se dégager de l’emprise du sol et de la pesanteur

 Idem, le Corbusier) ( 1887-1965) :  sera en grande partie motivé par ce principe pour inventer pilotis et toits terrasses.

(Scupltures aériennes de Duchamp( 1887-1968) ( plus « roue de byciclette) et héritage.

Moholy-nagy( 1895-1946) et Gabo( 1890-1977), Pevsner( 1886-1962)!!

 

Anti-gnomon

 

Rapport au squelette

 aux arêtes, aux nervures, suggérer la structure, dévoilement ; dissociation de la ligne et de la surface.

Modèles de la plume, de la feuille et du poisson.

 

 

Il est impossible d’éviter le contact avec le sol.

Calder proposera donc des suspensions, qui ont un lien indirect avec le sol, car, suspendues aux poutres ou plafonds, elles éludent la question du contact.

L’architecture étant perçue comme indépendante des questions de masse et de poids ; vues de l’intérieur, les architectures et les pièces ne pèsent rien, les murs, absorbent le sentiment de pesanteur.

Il reste encore parfois des socles, qui semblent s’élever alors qu’ils pèsent. Subtile inversion, comme le fait Gaudi dans ses maquettes.

 

 

Mathématiques

 

La question centrale des stabiles et mobiles de Calder est mathématique

Principe de la balance romaine et du levier d’Archimède.

Mise en évidence des équivalences et des rapports poids/balancier. Une grande surface vaut une cascade de petites pales.

Modèles de croissance végétale et de décompositions jusqu‘à l’infini.

Nombre d’or comme alternative vivante à la symétrie ; principe des deux centres ( milieu et Phi).

Principes : équilibre dynamique ; calcul, précision et hasard.

Principe du barycentre. Inversion des tensions ( Gaudi).

Symétrie et croissance ( modèle grec).

Déclenchements de logiques et de séries.

Dubuffet( 1901-1985) Franck Stella….

 

 

 

Sol-Stabiles

 

Retour au sol

 

Deux modèles : celui de la muralité et de l’architecture et celui de l’arbre

Muralité ou voile, pourquoi pas de la tente, de la toile.

Plutôt que le volume, la paroi, l’écran le voile.

La feuille.

Le plan occupe l’espace par le pli. Ainsi l’emprise au sol est minimale, et reste une simple ligne.

Picasso, Soto, Giacometti )….

Puis, tout volume régulier est un plan en mouvement..

Importance du vide comme condition nécessaire de ce qui peut advenir. Rapport au silence. Influence asiatique.

La surface et la « feuille » devenant volume par le PLI  et la courbe ( Corbusier, Picasso, Serra, Antoni Caro…) …..

La ligne et la sculpture, la ligne en mouvement définit un plan, une surface 

Il est toujours question de rester fin et de défier le volume et la masse, le dégradé.

 

Métaphore de l’arbre. The « Brass family »

La structure, le fractal, le déploiement, le détachement progressif du sol, l’apesanteur.

Métaphore humaine.

 

Picasso, Caro, Serra ….

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Géométrie fantaisiste

Travail avec le vide.

Forme de l’ARC