Boltanski

 

Plan :

 

Intro :

 

Monumenta, Grand Palais : « Personnes »

Tout un programme…spectacle et rapport direct,non médié.

Le programme MONUMENTA est déjà révélateur.

Monument=mémoire ( monument, vient de monere, faire penser, se souvenir….racine « men »= penser…mental…)

A l’origine, monument a le sens de tombeau.

Esthétique de la perception. Dimension baroque de l’expérience sensorielle.

La question de la perception est maintenant cruciale dans tous les dispositifs de C.B

Il s’agit d’une mise en présence directe, la plupart du temps non médiée, dont l’enjeu est une perception intense de signes déclenchant des affects ( émotions) sans détours, ni conceptuels, ni référencés à une histoire de l’art ou à des pratiques contemporaines et une « doxa »

 

 

Description de l’installation

 

1)Mur de boîtes ( Narthex)

Dès l’entrée : Quantité. Contenants. Usure. Temps. Anonymat.

Près de 6000 boîtes éclairées en ordre orthogonal.

 Inaccessibles. Qu’il faut contourner.

2) tas de vêtements.

Là encore contenants ( vêtements) vidés et anonymes. Indénombrables. En ordre naturel…le tas.

3) une grue déplaçant de haut en bas et  seule un grappin de manière régulière .

Des vêtements sont saisis, élevés et relâchés ; ils retombent lentement sur le tas d’origine.

4) au sol, 69 rectangles de vêtements ( manteaux) étalés assez soigneusement. Encadrés par des poutrelles métalliques, suspendant des néons. Ordre ; repos, contact au sol.

5) occupation sonore et permanente de l’espace par des flots de bruits sourds et assez réguliers, dont on sait qu’ils sont des battements de cœur enregistrés.

6) pas de chauffage.

 

 

Commentaires de l’installation

 

1)Œuvre unique et éphémère. CB dit clairement qu’il laisse détruire s’user ou disparaître ses installations. Plus qu’une exposition, une installation.

2)Prise en compte manifeste et spécifique du bâtiment… dimension, structure métallique, courbes des voutes, accoustique, lumière naturelle.

3)Dialogue formel avec les lieux :

oppositions courbes des voûtes et paralellipipèdes des vêtements au sol.

Opposition lumière naturelle des voûtes et lumière artificielle des néons.

Opposition vie et stéréophonie des battements dans « l’air »/ silence et passivité des vêtements au sol.

4) résolution de ces oppositions dans l’installation tas/grue/grappin.

Les vêtements au sol sont encore en un désordre prometteur, à savoir une éventuelle  saisie par le grappin.

Le grappin, saisit aveuglément ce qui se présente (bien qu’il ne descende pas plus bas), ainsi quelques vêtements élus sont provisoirement élevés. Passifs à tout moment, ils sont animés par deux forces différentes : la griffe qui les étreint et les élève, puis le hasard de leur chute ou ils se déploient assez librement, étant tout de même soumis  à la pesanteur et à la résistance de l’air.

Cette détermination n’empêche pas que c’est à ce moment seul que ces loques sont en mouvement quasi autonome.

 

5) la grue est dans un mouvement répété et sans origine ni cause visible.

 

Notions plastiques

 

La quantité, boîtes, vêtements, répétitions

Ordre et désordre, vêtements, sons, déplacements, mouvement

Contenants,  comme outils et prolongement de la peau. Question des surfaces comme métaphores, métal rouillé et vêtements. Traces et souvenirs de passages. Idée de vécu et d’usage.

Droites et courbes, des vêtement d’une part et des structures encore.

Animation et repos. Comme métaphore du vivant ( tradition de la sculpture depuis l’Egypte par ex).

Occupation de l’espace : Tradition de la sculpture :  de déploiement, de résonnance ( Calder par ex).

Boltanski insiste beaucoup sur cette dimension de dilatation dans l’espace.

L’espace est le « grand contenant » ; la Nef du Grand Palais est à ce point une métaphore du monde, de la voûte, de la lumière et de la nature qui se traduit par la température qui met immédiatement le corps en condition de perception intime, ainsi que par le son

Boltanski occupe donc l’espace le plus vaste possible ( en ce sens Monumenta est justifié comme principe d(organisation). Par

La quantité et la répétition..ensembles difficiles à saisir .

Le mouvement, qui est une manière claire d’occuper plus d’espace que le repos..

Le son, qui emplit littéralement tout le volume et même plus.

La lumière, qui se répand et circule de manière naturelle ou artificielle.

La température, qui est une donnée unifiante, puisqu’elle lie le corps visitant à l’espace réel, comme le son, qui, battement de cœur, touche à l’intime.

Ephémère.

Installation éphémère

Vêtements sujets à l’usure

Impossibilité de conserver ou reproduire cette installation

Température et sons

Mouvement des habits.

Techniques

Simplicité délibérée, aucune virtuosité apparente ;

Matériaux pauvres ( habits, métaux, néons, amplificateurs…)

Production conçue comme un travail, avec gestes répétés et implications ( voir photos).

Conception « non artistique » , accessible, non médiée : échelle1 ; installations, parcours, présences brutes et simples,. «  la vie est plus importante que l’art » . pratique artistique comme un moment de vie, pas un « ailleurs ».

 

CEPENDANT… Boltanski joue finement, car son installation propose un décalage pertinent, dans la mesure ou ce qui est présent : grue, grappin, vêtements, néons…. Sont ici des « medias », au sens ou ils représentent eux-même comme objets, mais aussi des figures ou des notions ouvertes : l’humanité, la vie, dieu, le hasard, le progrès ….nous sommes devant une installation, mais aussi une REPRESENTATION.

 

 

Affects-interprétations

 

 

Si l’on considère qu’il y a représentation, on peut alors interpréter.

Simplement question de vie et de mort.

A l’évidence Boltanski joue sur la présence et l’absence ( de corps, de mouvement, de relief, de lumière…)

Une installation autour de l’éphémère suggère l’avant et l’après… boîtes- limbes ?, manteaux étalés = cimetière ? tas de vêtements = vie ?

Une telle interprétation implique aussi la nature de ce qui anime ..Anima ( âme-souffle-action). La grue est une image de l’immanence, du destin…éventuellement d’un divin à la fois prévisible et aveugle..sans valeur.

Les vêtements élevés puis lâchés, retombent donc et paradoxalement, c’est leur chute qui est la plus vive, la plus légère, la moins déterminée.

Image subtile du flux, du destin et des hasards.

Boltanski met en scène encore, de manière claire, la dimension universelle, par l’anonymat et l’identification et encore, par les SONS et « les archives du cœur »…

Les battements, au lieu d’être sinistres, sont ici comme pulsation rassurante et infinie.

Les sons dépassent encore le corps et l’anima….

Sons pacifiques.

 

Boltanski retrouve là une dimension clairement sacrée du temps qui passe et du rapport des humains à l’infini, quel qu’il soit.

Aspect Cathédrale… le rapport à la quantité, aux vêtements, à l’ordre, à la froideur évoque cependant de manière claire les exterminations, notamment celle des juifs sous le nazisme, dont une partie de sa famille fut victime.

 

Expo APRES au Mac Val

 

Installation et parcours.

Silhouettes de vêtements structurés par du bois.

Labyrinthe, corridor.

Fantômes et esprits.

Voix de C.Boltanski qui intime de répondre à des questions existentielles se référant aux exercices spirituels de Loyola, à savoir considérer de matière précise,l’heure de sa mort et le bilan.

 

On retrouve, donc bien là les thèmes suggérés mais cette fois ci affirmés.

Le parcours est obligé, les absents reviennent : revenants..

Le son n’est plus le rasurant battement des cœurs, mais une voix de la conscience..

 

On retrouve le principe de la mise en situation du spectateur, saisi au sens strict, comme un rapt.

 

 

Zelig ( devenir japonais, africain…) porter un miroir pour le regard des autres.

 

 

 

Repères dans l’œuvre de C.B

Monumenta est un aboutissement, un jalon.

Défi pour Boltanski, qui commença par l’intime.. ( autofictions).

Son ultime défi est son enregistrement en viager ( par un riche tazmanien-collectionneur et parieur), ainsi que les « archives du cœur ».

 

 

Retour sur le travail de CB

 

Intro, Descriptifs :

Autofictions,

objets ( comme traces qui durent- vecteurs d’identification)

ombres, stèles,

photos ( le flou comme condition de l’identification) 

archives ( diverses)

( ex :Le visiteur traversera d'abord le monde des archives de Christian Boltanski : c'est l'ensemble des documents plus ou moins ordinaires — courriers liés au travail, feuilles de sécurité sociale, factures, photos défraîchies, billets de train, bilans d'analyses médicales, etc. — qui sont dispersés à l'intérieur d'une vingtaine de vitrines.)


 

vêtements,

listes,

sons ( code AA)

 

 

Notions constantes et évolution dans les dispositifs

 

Principes d’installations et systèmes ;

Evolution ; de fictions pures à des présences.

Le dispositif change :

des vraies et fausses photos( autofictions)

Aux stèles ( diaporama- code BB)

Aux archives, sous formes de boîtes, de cartons, de registres, de carnets

 ( Diaporama) ( code CC)

Puis installations ( tissus-Diaporama) ( code DD)

Puis inscription dans une réalité spatiale en expansion, par les ombres, la lumière.

Expansion spatiale encore par les « atrborescences », comme les cartes Beaubourg (des « mini Boltanski ») afin d’ établir des connections.

Le son ( archives du cœur)( lettres de soldats lues Folkestone)( sa voix : qu’as-tu fait de ta vie ?)

 puis la température.

 

Et ultime dilatation des œuvres : le temps réel -il y avait le temps retrouvé : autofictions, il y a le temps perdu et les mémoires d’outre-tombe….

 

 

 Constance des thèmes, sujets, prétextes :

 

Listes

Les listes sont non seulement des procédés, mais deviennent ( en relation avec L’OULIPO) un véritable sujet.

Gradation, énumération, déclinaison, variation, conjugaison, énumération, série.

Travail commun avec U. Eco et Jacques Roubaud ( oulipo) sur la notion de liste. Liens forts avec Perec ( « W » et « je me souviens »…) principe du brouillage et des collages comme des confusions d’identité ( W) .

 Lorsqu'en 1969, il entreprend de reconstituer son enfance, il se rend compte que beaucoup d'éléments sont manquants, donc les objets et les photos se retrouvent truqués, mais la mémoire aussi est truquée. Mémoire fausse mais vraie car elle rencontre la force des stéréotypes de la mémoire collective.

-Les suisses morts dans le Velay ( et in arcadia ego- car les suissesn’auraien,t pas de raison de mourir)

-Les morts d’un vol en avion  (Ustica-1980)( Italia)

-Les ouvriers d’une usine ( inauguration de la friche industrielle du Grand Hornu- Belgique)

-Les morts d’une maison, sous un bombardement (Missing House ( Berlin- 1990 souvenir de la destruction par bombardement. Noms allemds, polonais, russes, dont juifs..communauté qui explose, mais mêlés dans la mort)

-Les abonnés du téléphone ( Installation de tous les annuaires disponibles du monde)

-Les objets non réclamés.

-Toutes les archives ( comme le «  conservatoire de musique »)

-Caves, réserves, inventaires..

-Les archives du cœur…commencées en 2005, avec production de CD et stockage sur l'île d'Ejima dans la Mer du Japon

Fragilité

Objets usés, vêtements, rouille, bouts de papiers, ombres, bouts de ficelles ….

 

Vie /Mort

 

 

Identité relative…

nous sommes tous contenus dans l’histoire des autres et nous contenons leur histoire ( Spinoza)

 

 

Références et rapprochements

 

Journiac, Calle, Sorin, Sherman pour les autofictions

Messager, Ben, Païk, Brodthaers,  pour les installations

Beuys, actionnistes viennois pour l’émotion, la perception ( Muehl, Nitsch)